Johannes Börner a subi l’embrigadement du régime nazi et a combattu dans l’enfer de la « poche de Falaise ». Mais une fois la guerre terminée, il a trouvé en Normandie la voie de sa propre émancipation.« Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, on a été réveillés, soit disant parce que les Américains avaient commencé leur débarquement en Normandie. Alors, on a préparé nos affaires, et le soir du 6 juin, nous sommes partis ». Basée à Landerneau, l’unité d’élite à laquelle appartient Johannes Börner parcourt 350 kilomètres à pied pour aller combattre dans le bocage du Cotentin et défendre Saint-Lô. Cinq mois auparavant, le jeune allemand avait choisi d’être parachutiste pour échapper au front de l’Est. Après une formation extrêmement dure à Berlin, il a été affecté dans le Finistère, où l’entraînement était effectué à balles réelles.
Des Jeunesses hitlériennes à la « poche de Falaise »
![]() |
| Johannes Börner en janvier 1944 |
« On me traitait de ‘‘Boche’’ »
Prisonnier de guerre jusqu’en 1947, Johannes Börner décidera de rester en France : sa mère avait été tuée en février 1944, dans un bombardement à Leipzig, et son père lui avait décrit les conditions de vie très difficile imposées par les Russes aux Allemands. De plus, il fait la rencontre, quelques années plus tard, de la femme de sa vie, une Normande, et prend la nationalité française. Jusqu’au début des années 1960, l’ancien parachutiste éprouvera de la peine à se remettre de la guerre. « De temps en temps, on me traitait de ‘‘Boche’’. Bien sûr, je n’ai rien dit ; je préférais ne pas parler. J’avais un peu peur, quand même. » À bientôt 90 ans, Johannes coule aujourd’hui une retraite paisible à Ouistreham, où il fut longtemps restaurateur. Avec un message adressé aux jeunes générations : « La paix, la
paix, la paix ! »
