Issu d’une famille espagnole qui avait fui le régime du dictateur Franco, Pedro Martin s’engage très vite dans la Résistance. Arrêté en 1943, il passe deux ans au camp de Sachsenhausen.
Chez Pedro Martin, la Résistance est un héritage familial. Tandis que ses parents, réfractaires au régime totalitaire de Franco se réfugiaient en France, ses cousins s’engageaient dans les Brigades internationales pour sauver la République espagnole… Alors en 1939, lorsque la guerre éclate en France, le combat clandestin commence aussi pour lui. Il a quinze ans. « Un soir, à la boxe, j’ai pris le sac de mon cousin. À l’intérieur, il y avait des tracts anti- Allemands. Il me tombe dessus et me dit : “Puisque tu sais, tu vas faire comme moi maintenant.” Le soir, il me donnait un paquet de tracts que je mettais dans les boîtes aux lettres avant de rentrer à la maison. » Puis, viennent les premières actions : vol de matériel militaire, surveillance, renseignement… « On savait que si on se faisait prendre, cela aurait des conséquences énormes. La plus grande peur, c’était de voir nos parents se faire fusiller à cause de nous. »
Interrogé durant cinq jours par la Gestapo 1943
Pedro Martin après guerre. |
Résister se conjugue toujours au présent
Rapatrié en France par un vol sanitaire, Pedro Martin, en très mauvaise santé, est hospitalisé pendant sept mois. « Ce qui m’étonne le plus, c’est d’être encore là aujourd’hui. » À peine sorti de l'hôpital, il accepte de suivre une délégation au Danemark pour témoigner et faire éclater la vérité aux yeux du monde. C'est seulement après avoir accompli ce “devoir de mémoire” qu’il retourne chez lui, à Aubervilliers, où ses proches le croient mort. Pedro Martin a alors 22 ans, et tente de reprendre le cours de sa vie. Depuis, il n'a cessé de témoigner auprès des jeunes générations. « Nous sommes des messagers de la mémoire. On doit renseigner les jeunes. Quand on était au camp, les uns les autres, on s’était dit qu’il fallait qu’on tienne le coup, pour raconter ce que ces assassins nous ont fait. Aujourd’hui quand on constate la situation de notre pays, on se dit ce n’est pas ça qu’on voulait. Mais malgré tout, quand on voit les jeunes, on se dit qu’il faut continuer. Résister se conjugue toujours au présent. Alors allez-y les gars. »