Bernard Flais et les élèves de la MFR la Bagotière les Moutiers-en-Cinglais


Dans un petit village du pays de Falaise, la famille Flais s’est illustrée var de nombreux faits de résistance durant l’Occupation allemande. Bernard, le fils aîné, fut le témoin admiratif des actes de bravoure de son père.

« Les jours et les semaines passaient, on croyait l’affaire enterrée. Mais je sortais de la maison et par l'embrasure de la porte, je voyais des casques allemands. Et à 10 heures du matin, mon pauvre père a été emmené pour plus de questions. » En novembre 1941, la police allemande arrête puis emprisonne Julien Flais. Sa faute ? Avoir tenté de fournir des renseignements par pigeon voyageur. Quelques mois plus tôt, le fermier de Moulines découvre un parachute auquel est accrochée une boîte contenant l’un de ces volatiles. 
« Il était recommandé de le garder quelques jours, de le nourrir et de lui fournir des renseignements sur les Allemands » raconte aujourd’hui son fils, Bernard, âgé de 87 ans. « Mon père a indiqué un gros dépôt de munitions dans la forêt de Cinglais, un aérodrome de chasse en construction à Saint-Germain de Lançon et que les sous-marins allemands se réfugiaient dans le bassin Saint-Pierre, à Caen ». Mais les Allemands interceptent le pigeon et remontent la piste du père de Bernard. Des expertises et l’absence de preuves aboutiront en mars 1942 à la libération du résistant, qui restera marqué par cette épreuve.

Bernard Flais pendant la guerre.
« Mon père faisait parler les gendarmes allemands. »

Combattant de la Première Guerre mondiale, décoré de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur, Julien Flais s’est engagé dans la Résistance aux premières heures. Avec sa femme, ils hébergent des orphelins, cachent et nourrissent quantité de combattants français et alliés, mais aussi des réfractaires au STO, à qui Julien fournit de faux papiers. En juin 1940, il sauvera 18 soldats français de la captivité. Il est également toujours à l’affût de la moindre information, notamment lors des fréquentes visites des gendarmes allemands qui viennent à la ferme chercher du beurre ou de la crème.
« Mon père les faisait parler. Il arrivait à savoir car il était agent de renseignement à l’organisation civile et militaire, et il a fait le coup à plusieurs d’entre eux. Par ailleurs, beaucoup de réfractaires se sont repliés dans des fermes, grâce aussi à des résistants qui les plaçaient chez des amis sûrs. Je suis incapable de vous dire combien mon père en a placé. On a eu quatre hors-la-loi chez nous, pendant deux ans. »


« Contre le mur avec la pointe de la mitraillette » 

Alors âgé de 17 ans, Bernard aura lui-même maille à partir avec la police allemande, qui soupçonnait alors la famille d’héberger neuf réfractaires : « On m’a collé contre le mur avec la pointe d’une mitraillette, revit-il. Je n'ai pas crâné, mais je n’étais pas impressionné. Une seule chose me préoccupait : que les autres se jettent dans la gueule du loup. »