Jacqueline Vico et les élèves de terminale Bac pro service et commercialisation du lycée hôtelier François Rabelais d'Hérouville Saint-Clair

Le 18 juin 1940, les troupes allemandes pénètrent dans la ville de Caen. Jacqueline Vico, 19 ans, est vendeuse à la pharmacie du Progrès et élève-infirmière. Comme son père et son jeune frère, la jeune fille entre dans la Résistance.

Aînée de sept enfants, Jacqueline Vico a vécu son enfance dans une ferme à l’Abbaye d’Ardenne. Elle a été bercée par les récits de son père, Roland Vico, combattant de la guerre de 14. « On vivait dans une ambiance très patriote. » « Coopérer ? Ce n’était pas le genre de la famille. » Chacun de son côté, ils luttent contre l’Occupant. Roland Vico, est maire de Saint-Germain la Blanche Herbe ; il délivre de faux papiers. Arrêté par la Gestapo le 16 décembre 1943, il est déporté à Mauthausen.
Jacques, le frère de Jacqueline, est responsable d'un dépôt d'armes à l'Abbaye d'Ardenne. « Les locaux se prêtaient aux caches : des faux puits, des escaliers secrets, des faux plafonds…» Il doit déménager le dépôt d’armes en catastrophe suite à l'arrestation du père. Par représailles, leur mère, Francine Vico est arrêtée et emprisonnée. Son statut de mère de famille nombreuse l’aidera à être libérée.

Sous le nom de Vincenti

Jacqueline comprend vite la situation. Recherchée par la Gestapo, elle quitte Caen pour Paris. « C'était un peu affolant, une famille éparpillée comme ça … ». A Paris, Jacqueline Vico vit dans la clandestinité sous un nom d'emprunt « Vincenti ». Elle rejoint le réseau Brutus où elle a un rôle d'agent de liaison et de renseignements. « J’avais plusieurs contacts qui me fournissaient énormément de renseignements, les plans des V1 du Pays de Caux entre autres, que nous transmettions à Londres. »

Je n’ai pas reconnu mon père à son retour des camps. 

En juin 1944, Jacqueline apprend le Débarquement mais le grand moment de liesse pour elle, c’est la libération de Paris : « On s'est précipité avenue Mozart et on a accueilli les Américains qui nous
lançaient des bouteilles de champagne. C’était magnifique !
» Elle va retrouver son frère Jacques, qui a rejoint la 2e DB. « C’était naturellement le grand bonheur mais à ce moment-là, mon père n’était pas encore revenu des camps de concentration. » Il faudra attendre 1945 pour que la famille Vico soit réunie. Le retour de son père : « Avec ma oeur, on était là pour l’accueillir et je ne l’ai pas reconnu. Il était… Il me regardait et m’a dit : Mais Jacqueline, Jacqueline… Je ne l’ai pas reconnu, » répète t-elle émue. Après la guerre, Jacqueline Vico reste à Paris. Elle est le témoin de tous les changements que va connaître la société d'après-guerre. « 1945 : bien sûr que j'ai voté ! ». Cette femme de conviction et indépendante, apprécie les nouveaux droits accordés aux femmes. Elle exerce le métier d’assistante
sociale dans de grands lycées parisiens. Ce n'est qu'à la retraite qu'elle revient s'installer en Normandie.