Denis Mary avec la classe du LPA d'Alençon


Le Débarquement et la Bataille de Normandie ont changé la vie de Denis Mary alors âgé de huit ans. Les bombardements du D-Day deviendront son premier souvenir.

Les Alliés sur la route de Briouze.
« En 1940, quand les Allemands sont arrivés, j'avais quatre ans et quand ils sont partis, j'en avais le double. » Denis Mary est un enfant témoin de la guerre. À cette époque, il habite à 60 kilomètres des côtes normandes, à Saint-Hilaire de Briouze, dans un village ornais de 400 habitants. Même s'il vit à l'intérieur des terres, ce sont les bruits des bombardements aériens qui le réveillent, à 6h30, le matin du 6 juin 1944, date qui correspond à ses premiers souvenirs d'enfant.
Pour Denis Mary, ce n'est pas qu'une date inscrite dans les livres. Elle représente le début d'une expérience qui ne pourra jamais s'effacer. Denis Mary se souvient, le 12 août, du passage des bombardiers au-dessus du village.

« Attention : gros Tommies ! »

C’était les Anglais qui arrivaient. L’enfant a été marqué par les bombes tombées à 200 mètres de chez lui : « Ce qui fait drôle c'est que, tout d'un coup, il faisait noir parce que les bombes projetaient de la terre, de la pierre, du bois, partout, et on ne voyait plus rien. Ça provocait l'obscurité. »
Après le bombardement, il part avec sa famille et des amis se réfugier dans un abri aménagé sous la voie ferrée. La bataille gronde au-dessus d'eux, ils entendent les tirs d'artillerie. « Ça a duré 20 minutes puis après, la guerre était finie du moins chez nous. » Son village est libéré le 18 août.

Denis Mary à l’âge de 8 ans
à Saint-Hilaire de Briouze.
Plus d’école

L’école a été détruite, les cours interrompus le 6 juin ne reprennent qu’en octobre. Pour l’heure Denis Mary joue avec ses six frères et sœurs, dans les champs et les jardins. Il aide aussi « maman », agricultrice, pendant que « papa » fait du commerce ambulant. Il se souvient du couvre-feu à la tombée de la nuit car les Allemands les obligeaient à avoir des rideaux pour que les Alliés ne voient pas de lumière. Vivant à la campagne, il se considère comme un privilégié. « Je n'ai pas souffert de la faim. Nous avions trois jardins, nous n'avions besoin d'acheter ni légumes, ni fruits, ni volailles. »
Aujourd'hui encore, quand il entend des hélices d'avions, cela lui rappelle la guerre. Il ne peut plus entendre ou dire le mot « boche » et soupire devant le spectacle de ce monde « qui est loin d’être en paix. »