Edouard Podyma et les élèves du Lycée Jean Mermoz de Vire


Débarqué fin juillet, Edouard Podyma s’est retrouvé en première ligne lors des terribles combats de Chambois. Quelques jours plus tôt, ce fils d’immigrés polonais était passé au volant de son char à quelques kilomètres de sa maison familiale à Gouvix. Mais l’heure était encore loin des retrouvailles…


Edouard Podyma a 17 ans lorsqu’il est appelé, en 1940. Ce jeune Polonais dont la famille a émigré en Normandie pour travailler dans les mines de Potigny, doit rejoindre la 3e Division d’infanterie à Coëtquidan, en Bretagne. « Pour y aller, j’ai fait de l’auto-stop. Cela peut paraître drôle, mais il n’y avait pas d’autres solutions. Les trains, les bus, tout était à l’arrêt ». Mais à peine arrivé, sa division est dissoute. « L’officier qui nous a annoncé la nouvelle nous a dit : maintenant, vous êtes libres de disposer de vous-même comme bon vous semblera. » Pour Edouard Podyma, le choix est vite opéré : il décide de rejoindre la Grande-Bretagne. « C’était ça ou les camps de concentration. »



Direction l’Ecosse

Il rejoint alors Le Croisic, pour embarquer à bord d’un des navires envoyés par Churchill pour transporter les troupes polonaises jusqu’en Grande-Bretagne. « Quand je suis arrivé, des barques nous attendaient. Je suis monté sur le navire par une échelle de corde. Il ne fallait pas tomber au jus, sinon c’était terminé. » Arrivé à Plymouth le lendemain matin, il prend le train direction l’Ecosse. Il y passera quatre ans, pendant lesquels il participe aux préparations du Débarquement. Pour le jeune soldat, le Jour J arrive le 27 juillet 1944. Il foule le sol des côtes normandes aux côtés du 2eCorps d’armée canadien. « Les 2,8 millions de soldats regroupés en Angleterre ne pouvaient pas tous atterrir le même jour. Alors il y a eu les premiers, les troupes de choc je dirais, qui ont débarqué le 6 juin. Les autres, il fallait qu’ils attendent, et c’est pourquoi nous sommes arrivés quelques semaines plus tard, nous les Polonais, tout comme la 4e Division blindée canadienne aux côtés de laquelle nous avons combattu. »

Edouard Podyma jeune soldat en 1939.
Combats au corps à corps
Son régiment prend la direction de Falaise. Du 7 au 21 août 44, Edouard Podyma se retrouve en première ligne, dans la poche de Falaise-Chambois, sur le promontoire de Couhehard-Montormel, dans l’ultime phase de la Bataille de Normandie. « Notre groupe se trouvait isolé, nous n’avions aucun ravitaillement, ni munitions, ni nourriture, ni médicaments. Nous avons tenu quatre jours. Nous avions faim, mais surtout soif, nous n’avions pas une goutte d’eau, en plein mois d’août, sous de fortes chaleurs. » Les combats se déroulent au corps à corps. « Allez donc faire la guerre lorsque vous avez un fusil, mais pas de balles à mettre dedans ! On a attendu. Les Allemands étaient acculés. Nous avons eu des combats à main nues, à la baïonnette, au couteau, au poignard, avec le casque. Il fallait se battre. » La compagnie tiendra bon, jusqu’au 21 août.
Après cet épisode pour lequel il recevra les honneurs, Edouard Podyma reprend la route. Abbeville, Saint-Omer, puis la frontière franco-belge, en septembre, avant la Hollande et enfin l’Allemagne. « C’était terminé en Normandie, mais il nous restait beaucoup à faire. » Il apprend la fin de la guerre à quelques kilomètres du port de Wilhelmshaven. Il est démobilisé en septembre 1946.
Edouard Podyma travaille un an à Paris, avant de rentrer définitivement en Normandie, où il travaille à la SMN. « Je ne vois pas pourquoi j’aurais été ailleurs. Quand on passe sa prime jeunesse dans un pays, on ne le quitte pas comme ça. Et à mon âge, je crois bien que je vais rester là… »