Gabriel Brillant et les élèves du lycée des Andaines de la Ferté-Macé


Dans la nuit du 11 novembre 1940, accompagné de deux camarades, Gabriel Brillant dépose une gerbe au pied du monument aux morts de La Ferté-Macé. Ce premier geste de résistance annonce la  vie d’ombre qui sera bientôt celle du jeune Fertois.

Le jour de la déclaration de la guerre, Gabriel Brillant travaille comme petit-clerc de notaire chez Maître Gautier à La Ferté-Macé. Il a 17 ans et rêve d’entrer au Prytanée militaire de La Flèche. Moins d’un an plus tard, la France cauchemarde : c’est la grande débâcle, suivie de la capitulation. 
Heureusement, le message du Général de Gaulle fait renaître l’espoir chez ceux qui, comme Gabriel Brillant, sont déterminés à « ne pas se laisser faire. » Après quelques actions isolées, il intègre un groupe de résistants comme agent de liaison. En février 1943, une seconde convocation pour le STO ne lui laisse plus le choix : Gabriel Brillant entre dans la clandestinité. De « planque en planque », il finit par atterrir dans la ferme de Madame Langue à Menil Gondouin. Il prend alors l’identité d’un cousin prénommé Marcel vaguement ressemblant et surtout exempté de STO. Le fugitif redoute les conséquences pour ses parents qu’un gendarme de La Ferté-Macé vient régulièrement menacer de représailles parce qu’ils prétendent ne pas savoir où se cache leur fils. Il restera à la ferme jusqu’au Débarquement.
Gabriel Brillant en 1944.
Echangé contre une motte de beurre

Le 4 mai 1944, il s’en faudra pourtant de très peu : « J’ai entendu un véhicule arriver mais j’ai trop tardé à m’enfuir. C’était un car avec deux Allemands : un Feldgendarme, et un interprète. Ils traquaient les réfractaires, ils en avaient toute une liste : souvent les parents finissaient par craquer par peur des représailles. Me voyant m’enfuir, le Feldgendarme a tiré. Tout le monde pensait que j’avais été touché car j’ai chuté, m’étant pris les sabots de bois dans des broussailles. En fait, celui qu’ils recherchaient avait quitté la ferme depuis un mois. »
Le faux Marcel se retrouve finalement dans le car qui, au fur et à mesure des haltes, se remplit des réfractaires signalés dans les environs : « Au bout de deux heures, tous avaient été récupérés et j’étais de trop. » A part sa fuite, les Allemands n’ont pas grand-chose à reprocher au jeune homme qui joue les idiots pour justifier ce départ précipité et finissent par accepter la motte de beurre que Mme Lange leur tend en échange de la liberté de son commis. 

« On se serait cru sur la côte ! » 

Gabriel n’apparaîtra plus à la ferme. Il dort désormais dans la bouverie où il entend le fracas du Débarquement au petit jour du 6 juin : « Cela nous semblait faire autant de bruit que si nous avions été sur la côte pourtant distante d’au moins 60 km ! » Les jours suivants, il voit défiler la population qui fuit les zones de combat. « Il fallait leur remonter le moral… » 
En juillet, il rejoint son groupe de Résistants à La Sauvagère en bordure de la forêt des Andaines.
Le 15 août, après une nuit de mitraillage incessant, les Américains pénètrent dans La Ferté-Macé. Gabriel peut enfin rentrer dans sa ville natale où on lui remet un fusil allemand Mauser et des munitions récupérés sur l’ennemi. Les missions s’enchaînent. « Nous avons d’abord organisé une patrouille pour retrouver deux camarades portés disparus dont les cadavres ont été retrouvés le lendemain. Nous avions aussi ordre de rechercher des fuyards et d’enterrer provisoirement les Allemands tués dans la campagne. » Mais dans ces heures où se joue la libération de la Normandie, Gabriel Brillant souhaite ardemment prendre part aux combats. En dépit de son intégration dans la 4e Compagnie du 2e Bataillon de Marche de Normandie, cette occasion ne se présentera pas. « J’en ai été très déçu, mais à la réflexion, si les tâches qui nous étaient confiées nous paraissaient peu glorieuses et subalternes, elles se sont révélées indispensables et non sans danger. »