Pour la mère patrie


Pour Bill Mc Gowan, gravement blessé à Tilly la Campagne, la Bataille de Normandie s’achève dès la fin du mois de juillet 1944. Mais pas un instant, il ne doutera des raisons qui l’ont conduit si loin de ses terres canadiennes, mais si proche de ses origines européennes.

Né en Ecosse en 1924, Bill Mc Gowan, a migré avec sa famille au Canada à l’âge de deux ans. Ses origines le motivent : il veut participer à la libération de son Europe natale et défendre sa patrie. A 18 ans, il estime de son devoir de se battre pour cela. En août 1942, suivant l’exemple de son frère aîné, il s’engage dans l’armée de son pays d’adoption. Après avoir suivi l’entraînement du Canadian Armoured Corps, il est envoyé en Angleterre en mai 1943. Il prépare le Débarquement en Normandie
au sein du Régiment de blindés, Fort Garry Horse.

Les leçons de la tragédie dieppoise

Les Canadiens ont encore en mémoire l’échec sanglant de la tentative de débarquement à Dieppe le 19 août 1942. Sur les 6 000 soldats alliés engagés dans l’opération Jubilee, plus des deux tiers sont portés disparus en quelques heures : tués, blessés ou faits prisonniers. Avec plus de 900 morts, l’Armée canadienne qui composait l’essentiel des troupes (près de 5 000 hommes avec un millier de Britanniques, une cinquantaine de GI’S et une quinzaine de FFL) a payé le plus lourd tribut. Cette catastrophe humaine a aussi été un désastre stratégique qui a néanmoins livré de nombreux enseignements. Et à la veille de débarquer en Normandie, son souvenir n’entame pas la confiance et le moral des troupes. Bill Mac Gowan est lui-même convaincu que cet échec va permettre de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Il ne participe pas au Débarquement le 6 juin et arrive sur les côtes normandes dix jours plus tard, à Juno Beach. Interrogé sur son sentiment à l’égard de la France et des Français, Bill Mc Gowan se souvient avoir « découvert des paysages magnifiques et reçu un accueil merveilleux de la part des habitants. »

Si c'était à refaire...
Lithographie, Bill Mc Gowan cinquième en partant de la gauche, 2e rang

En Normandie, Bill Mc Gowan participe à l’opération Windsor pour la prise de l’aéroport de Carpiquet. Suite à cette opération, un groupe de six officiers est envoyé à Tilly la Campagne. Le Lieutenant Mc Gowan est l’un d’eux. Le 25 juillet 1944, une bombe s’abat sur le groupe : trois des officiers se protègent dans une tranchée, deux sont tués. Gravement blessé au dos et à une jambe, Bill Mc Gowan est évacué vers l’Angleterre. Il a malgré tout eu plus de chance que son frère aîné qui sera tué au cours des combats sur le sol normand. Rétabli, il reprend le combat à Oldenburg en Allemagne quelques semaines avant la fin de la guerre. Il se trouve à Dettenheim aux Pays-Bas au moment de la
capitulation allemande. Bill Mc Gowan ressort de la guerre profondément marqué par ce qu’il a vu et vécu. « Pourtant, malgré ces horreurs, si c’était à refaire et si je pouvais remonter le temps, je n’hésiterais pas une seule seconde à m’engager car il était de mon devoir de défendre mon pays. Il y a des moments où on ne peut plus reculer et des causes qui valent la peine de risquer sa vie. »