Stanley Fields et les élèves du lycée Smith Falls District Collegiale Institute, Ontario


Bien que tout jeune marié, Stanley Fields décide de s’engager dans l’armée canadienne en 1943. Affecté à la 5e Compagnie du Corps royal du génie de l’armée canadienne, il fait partie de la première vague qui débarque à Bernières-sur-Mer le 6 juin. La mission de l’ancien plombier est alors de déminer les plages.

« Avant de m’engager, j’ai demandé ce qu’on allait faire. Je ne voulais pas faire partie d’un groupe qui allait marcher toute la journée. « Nous construirons des ponts, nous les ferons sauter et ensuite
nous les reconstruirons », m’a-t-on répondu. Comme j’étais un peu inconscient, la partie explosion m’attirait, je me suis donc engagé. Notre compagnie comprenait 56 hommes, c’étaient tous des types formidables, nous étions jeunes et fous sans vraiment savoir ce qui nous attendait en France.

Il était comme un père pour moi.

Nous sommes partis de Southampton, le 5 juin, nous étions sur une petite barge, nous avons voyagé toute la nuit. Ces satanées portes se sont ouvertes à 7h30, l’eau s’est infiltrée, il fallait y aller car là-bas tout dépendait de nous ! Nous nous sommes dirigés vers la plage, les tirs ennemis étaient
très intensifs mais l’infanterie légère protégeait notre progression. Nous avons quand même perdu cinq hommes dès que nous avons mis le pied sur le sable. Notre sergent nous encourageait à avancer le plus vite possible. Nous avions une confiance aveugle en lui. Il semblait toujours savoir où nous diriger. Malheureusement, il a été abattu un peu plus tard. La nuit, je n’ai pas pu m’empêcher de retourner voir le corps sur la plage. Cela m’a valu d’être réprimandé par les officiers. Je leur ai dit d’aller au diable, je vouloir voir mon sergent, il était comme un père pour moi !
Secteur Nan, à Bernières sur Mer le 6 juin 1944. ©Archives nationales du Canada/Mémorial de Caen

Cinq cents mètres de plages nettoyés en une heure

Notre mission était de nettoyer la plage entre les Zones White et Red du secteur Nan de Juno. Avec mes camarades, nous devions tracer un chemin pour que le matériel lourd puisse être débarqué. Pour cela, il fallait déconnecter toutes les mines et enlever les obstacles des plages. Cela n’avait rien de drôle avec ces tirs qui venaient de toutes parts et les avions ennemis qui piquaient droit sur nous. Nous avons perdu beaucoup de monde durant la première heure au cours de laquelle nous avons nettoyé environ 500 mètres de plage de façon à ce que les tanks, les chars et le matériel lourd puissent aborder le rivage. Tout le matériel était amphibie, il flottait et ensuite roulait sur la plage que nous venions de nettoyer. A peine débarqués, les tanks se sont élancés comme des diables en direction des villages côtiers. Par la suite, notre mission a été de construire des routes, parfois en bâtissant des ponts. Nos camions déchargeaient le matériel sur zone, le bulldozer arrivait et lissait autant que possible. C’était de sacrées bonnes routes. Entre deux, nous ramassions les blessés que nous emmenions en lieu sûr pour attendre leur transport jusqu’à l’infirmerie. C’est comme ça que nous avons traversé la France, la Belgique et la Hollande, avant de nous arrêter en Allemagne. »