Yvan Sibonni et les élèves du CFA Promotrans de Mondeville


En 1943, Yvan Sibonni a quitté Constantine en Algérie, pour s’engager dans les Forces Françaises Libres. Agé de 18 ans il est l’un des benjamins de la 2e DB, bien déterminé à chasser l’ennemi d’un territoire qu’il ne connait pourtant pas encore.

Enfourchant son vélo, traversant les frontières entre l’Algérie et la Tunisie, il part à la recherche d’une unité susceptible de l’enrôler, et rencontre le 3e Régiment d’Artillerie Coloniale. Engagé, Yvan fait ses classes au Maroc avant d’embarquer à Oran comme canonnier avec la 2e Division blindée du Général Leclerc. « A notre passage les femmes faisaient le signe de croix, pressentant sans doute que beaucoup d’entre nous n’allaient pas revenir. »

Embrasser le sol

Quelques mois après un entraînement intensif en Grande-Bretagne, Yvan Sibonni traverse la Manche au milieu de ses compagnons d’armes sur les péniches avec leurs chars. Ils débarquent à Utah Beach le 1er août 1944. « Quand on a posé le pied sur cette terre de France, que je ne connaissais pas, je voyais tous mes camarades s’agenouiller et embrasser le sol. Alors j’ai fait comme tout le monde, je me suis agenouillé et j’ai embrassé le sol. Mais j’ai quand même demandé à un copain devant, pourquoi il faisait ça ?
- Parce que je retrouve mon pays, me répond-il.
- Et toi me demande-t-il ?
- Pour faire comme tout le monde !
»
A cette période, les côtes sont libérées : il s’agit désormais de nettoyer l’intérieur des terres. « Au début, c’était un peu la guerre « la fleur au fusil ». Les Américains avaient fait tout le travail. Mais cela a commencé à se corser quand on est entrés en Mayenne, il y avait des nids de résistance. »

Yvan Sibonni en France métropolitaine entouré de jeunes filles.
Le drapeau français sur la cathédrale de Strasbourg

La 2e DB continue ensuite sa route libérant notamment la  ville de Mortagne et quitte la Normandie avant de foncer sur Paris. Les Français de la 2e DB ont rendez vous avec l’histoire, ils resteront comme les libérateurs de Paris. « C’était la liesse ! » Puis ils repartent ensuite vers Strasbourg où Yvan Sibonni aura la fierté de hisser le drapeau français sur la cathédrale. Puis c’est la Lorraine où il connaîtra le froid, la boue, les chutes de températures jusqu’à moins20 degrés. On est loin des 40 degrés de Constantine. Heureusement, les petits verres de schnaps réchauffent les corps et les âmes.
Yvan Sibonni n’a pas vraiment ressenti la peur jusqu’au jour de décembre 1944 où il voit son meilleur ami s’effondrer à ses côtés touché mortellement par une balle ennemie. Puis c’est à son tour d’être mis hors combat le 21 janvier 1945. A la suite d’un accident de char causé par le verglas, il se retrouve coincé sous une remorque. Gravement blessé aux jambes et à la face, il est transporté en urgence vers un hôpital américain, avant d’être dirigé vers l’hôpital Sainte-Anne d’Aix-en-Provence où on lui refait le visage. Il rentre ensuite à Constantine pour suivre sa convalescence chez sa mère. La guerre est ainsi finie pour lui.